Recrutement à la BEAC : le PCA demande l’ouverture d’une enquête sur les agissements du gouverneur. Le président du conseil d’administration (PCA) de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a saisi, le 17 août, le président du Comité d’audit de la Banque pour demander l’ouverture d’une enquête sur les agissements du gouverneur. Cette saisine est relative aux irrégularités décriées par certains responsables de la banque centrale qui a organisé le 28 mai dernier un concours de recrutement des agents d’encadrement supérieur.
« Vous émettrez un avis motivé des actions, actes, écrits et paroles du gouverneur à travers l’analyse des textes identifiés ci-dessus (Convention de l’Union monétaire de l’Afrique centrale, statuts de la BEAC, Code de déontologie de la BEAC) et d’autres textes pertinents que vous devrez identifier, en déterminant s’ils sont conformes ou en contradiction de ces textes. Ces travaux, que vous pourrez effectuer vous-même ou, en partie par le biais de la direction générale du contrôle général sur laquelle vous exercez une autorité hiérarchique fonctionnelle au nom du conseil d’administration seront sanctionnés par un rapport assorti des recommandations pertinentes à faire au conseil d’administration », écrit le Centrafricain Hervé Ndoba.
Le PCA explique qu’il demande, entre autres, une enquête sur le gouverneur de la Banque centrale, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli, parce que ce dernier, interpellé sur les couacs (népotisme, tricherie : Ndlr) ayant émaillé le recrutement querellé, lui a fait parvenir un courrier arguant qu’il ne peut pas stopper le processus à la demande du PCA, car cela constituerait un « dangereux précédent ». Et que l’immixtion dans la gestion de la BEAC serait une violation du sacro-saint principe d’indépendance de la Banque centrale.
Or, estime le PCA, les inquiétudes au sujet de ce concours de recrutement ont été « largement » documentées par la suite. De plus, le cabinet censé avoir réalisé « de bout en bout » le processus de recrutement dément que cela a été le cas. Aussi, des alertes internes corroborent l’ensemble de ces craintes de M. Ndoba.
Pour l’heure, la réponse du président du comité d’audit de la BEAC à cette requête du PCA n’est pas encore connue. Mais l’ouverture d’une enquête sur les agissements du gouverneur de la Banque centrale dans le cadre de ce recrutement est le signe que la tension reste vive au sein de cette institution commune aux six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA, Guinée équatoriale).
En effet, interpellé sur ces « incidents » (cas de tricherie, substitution possible des candidats, acheminement tardif des épreuves, non-respect des horaires de l’examen dans certains centres : notamment au Cameroun et au Gabon) qui ont émaillé le concours de recrutement, selon les propos du directeur général du contrôle de la BEAC, Abbas Mahamat Tolli a opposé une fin de non-recevoir. D’abord, pour rappeler que le processus de recrutement en cours se fait dans les règles de l’art. « (…) Je voudrais d’abord vous rassurer que le processus de recrutement en cours est conduit et organisé de bout en bout par un cabinet international de grande réputation et choisi par voie d’appel d’offres international, et qui bénéficie de l’appui d’une commission ad hoc mise en place au sein de la banque », a répondu Abbas Mahamat Tolli au PCA.
Ensuite, sur la base de dispositions réglementaires régissant le fonctionnement et la gestion de la banque centrale qu’il énumère, le gouverneur de la BEAC s’est insurgé contre l’immixtion du PCA dans une affaire ne relevant pas de sa compétence.