Le projet Appui au français aux Comores (AFC)

Le projet Appui au français aux Comores (AFC) est financé à hauteur de 1 million d’euros par la coopération française. Il a été conçu pour enrayer la dégradation continue de la maîtrise du français – langue d’enseignement – chez les élèves et un grand nombre d’enseignants, qui affaiblit sensiblement depuis plusieurs années l’efficacité du système éducatif comorien, au même titre que les difficultés touchant son pilotage.

Il s’attache par conséquent à développer chez les enseignants la maîtrise et la pratique professionnelle du français, en agissant sur plusieurs leviers :

1- Il offre d’abord à 1800 enseignants de Mwali, Ngazidja et Ndzuani 5 semaines de formation linguistique directe dans les Alliances Françaises de Fomboni, Moroni et Mutsamudu.
3100 enseignants ont passé un test de positionnement au début du projet, de manière à ce que des groupes de niveau homogène soient constitués. A chaque session de formation, ce sont environ 300 enseignants qui sont invités dans l’Alliance Française de leur île, dans l’espoir que 5 semaines de pratique leur permettront de retrouver confiance dans le maniement de la langue dans laquelle ils enseignent, mais également de réfléchir à leurs pratiques pédagogiques.

L’objectif est à terme que tous les enseignants du système éducatif comorien qui enseignent en français acquièrent le niveau B2 du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL). Pour cela, il est prévu que le PRePEEC (Projet de Renforcement du Pilotage et de l’Encadrement de l’Education aux Comores), financé par l’Union Européenne, prolonge l’effort de formation linguistique des enseignants, afin que le saut qualitatif soit plus important. Mais il était nécessaire que le projet agisse également sur d’autres leviers que la formation linguistique directe des enseignants.

2- A moyen terme, le projet parie sur la montée en charge du volume des formations dont les enseignants pourront bénéficier, s’ils sont formés par toute l’équipe des encadreurs pédagogiques comoriens. Il a donc pris à la fois le parti d’accompagner l’Inspection Générale de l’Education Nationale (IGEN) dans l’élaboration d’un cahier des charges pour la formation continue des enseignants, et de former tous les encadreurs pédagogiques à l’ingénierie de formation, afin qu’ils puissent concevoir un plan annuel de formation des enseignants pour répondre aux besoins prioritaires identifiés. Ce plan de formation devra notamment (mais pas seulement) leur donner l’occasion d’assurer le perfectionnement linguistique d’enseignants qui dispensent leurs cours en français et la formation en pédagogie ou en didactique de ceux qui enseignent le français au primaire et au secondaire.

A cet effet, tous les encadreurs pédagogiques ont bénéficié d’une formation à la conception et à l’élaboration de modules de perfectionnement linguistique des enseignants, et un groupe de 25 encadreurs pédagogiques a plus particulièrement approfondi les principes de l’approche actionnelle et du CECRL, puis bénéficié d’un accompagnement pour élaborer des modules de formation des enseignants de français (méthodologie de l’enseignement des langues, didactique du FLE, évaluer en classe de langue). Des missions de suivi de leur formation sont également prévues, afin de leur permettre d’analyser leurs pratiques professionnelles en situation de formation des enseignants et de les améliorer continuellement.

D’autres missions d’accompagnement de l’IGEN ont pour ambition de lui permettre d’élaborer des outils de suivi, de pilotage et d’évaluation des plans de formation des enseignants, car il est important qu’elle mesure cet effort de formation, ainsi que ses effets sur les pratiques de classe, pour être en capacité de le réguler et de le rendre plus efficace.

3- En marge de ce dispositif de formation continue, le projet prévoit également de proposer des contenus de formation linguistique aux enseignants qui souhaitent se former par eux-mêmes. Pour cela, des experts encadreront une équipe d’encadreurs pédagogiques et de formateurs de l’Institut de Formation des Enseignants et de Recherche en Education (IFERE) de Moroni, en vue de développer des supports pédagogiques destinés à la formation à distance des enseignants.

Cette plateforme pour l’auto-formation des enseignants sera disponible en ligne, et alimentée par un serveur hébergé dans une salle multimédia de l’IFERE, elle aussi équipée par le projet. Mais les contenus de formation devront être accessibles aux enseignants qui ne disposent pas forcément d’une connexion à l’internet : des relais seront donc mis en place dans les Bureaux des CIPR et dans plusieurs bibliothèques, afin de démultiplier les supports de la plateforme.

Ce choix de développer l’offre de formation à distance des enseignants s’inscrit en droite ligne avec l’un des axes stratégiques retenus pour l’enseignement supérieur dans le cadre du Plan Intérimaire de l’Education 2013-2015, qui recommande qu’à l’horizon 2020, l’Université des Comores propose à ses étudiants 15% de son offre de formation en ligne.

4- Sur le plus long terme, le projet a pour ambition d’appuyer la professionnalisation de la formation initiale des enseignants, afin que tous les enseignants formés à l’IFERE présentent au moment de leur recrutement les compétences requises pour exercer leur métier, notamment en termes de maîtrise de la langue d’enseignement. Il accompagne donc l’effort de réforme voulu par le Ministère de l’Education Nationale et l’Université des Comores pour la formation initiale des enseignants, qui seront dorénavant formés en trois ans dans le cadre d’une Licence professionnelle.

Le projet intervient en fait à plusieurs niveaux. Les experts mobilisés par le CIEP de La Réunion ont d’abord coordonné l’élaboration de l’architecture de la maquette des formations aux métiers de l’éducation : les parcours de formation des professeurs des écoles, des professeurs de collège, mais également des encadreurs pédagogiques et des chefs d’établissement ont été articulés de telle manière que certains cours soient communs à plusieurs parcours, afin de rechercher des économies de ressources. Ensuite, ils ont plus particulièrement développé la maquette dédiée à la formation des professeurs des écoles, et accompagnent depuis septembre 2014 la mise en œuvre de la nouvelle Licence professionnelle par les équipes des IFERE et les encadreurs pédagogiques. Des spécialistes du FLE (français langue étrangère) encadreront plus particulièrement, dans le cadre de ce parcours, le développement d’unités d’enseignement de renforcement du français et de didactique ou de méthodologie de l’enseignement du français.

C’est le PRePEEC qui financera les actions nécessaires en termes de formation et d’accompagnement des formateurs des IFERE pour assurer le développement des maquettes de formation aux métiers de l’encadrement (encadreur pédagogique, chef d’établissement), la préparation des supports pédagogiques des diverses unités d’enseignement constitutives de ces parcours, et l’amélioration des pratiques professionnelles des formateurs lors de la mise en place de ces parcours.

5- D’autres paris ont été pris par le projet pour garantir la qualité de l’enseignement en français sur le long terme. Un travail est notamment prévu pour élaborer un outil d’aide aux enseignants : un groupe de travail national élaborera les référentiels d’apprentissage du/en français, afin que les enseignants de chaque cycle sachent quel niveau de français utiliser en classe avec leurs élèves pour leur permettre de construire progressivement leurs compétences linguistiques. Ces référentiels feront ressortir les choix des programmes scolaires qui ne sont pas forcément cohérents avec la progression linguistique attendue chez les élèves, afin que les concepteurs des programmes (et des manuels) scolaires puissent en tenir compte.

Par ailleurs, une douzaine de formateurs de l’Université des Comores (IFERE, Département de français) et d’encadreurs pédagogiques seront inscrits en L3 ou en Master de didactique du FLE à distance. L’objectif de cette opération est de constituer aux Comores une équipe de spécialistes du FLE qui deviendront des ressources lorsqu’une réflexion sera engagée sur la réforme des curricula et des programmes scolaires, ou lorsqu’une équipe nationale sera constituée pour rédiger des manuels scolaires en français.

6- Toutes ces actions, enfin, la composante 2 du projet entend en consolider l’impact en créant une dynamique francophone autour de la diffusion du livre et du multimédia, afin que les enseignants et leurs élèves / étudiants puissent accéder à des ressources francophones de qualité en dehors de l’école, et enraciner ainsi leurs apprentissages dans des pratiques quotidiennes plus ludiques de la langue. Deux objectifs sont recherchés : la structuration d’un réseau de 30 à 35 bibliothèques, afin de développer et d’harmoniser leur programmation culturelle annuelle en ciblant les jeunes et les publics apprenants ; et l’amélioration des capacités des médias audiovisuels comoriens à produire des émissions en français.
Les formations des bibliothécaires du réseau national proposées dans le cadre du projet sont conçues pour leur permettre de préparer le plus concrètement possible leurs projets d’animation.

Elles concernent la bibliothéconomie (en vue de mettre en place des procédures susceptibles de générer des recettes propres), l’animation du réseau (avec la mise en place d’un plan d’action concerté comprenant des animations partagées par plusieurs bibliothèques), et plus spécifiquement l’animation jeunesse et celle d’une bibliothèque de l’apprenant, puisque la classe est une cible privilégiée des animations programmées.


Quant aux actions en faveur des médias, elles se déclinent principalement selon deux axes : le développement d’un projet de production d’émission radiophonique en français, et la formation de formateurs. Le premier axe s’inscrit dans le court terme et dans une logique d’appui à la production d’émissions francophones. Les professionnels des radios comoriennes se sont entendus sur l’idée de produire une émission francophone commune à plusieurs radios : il s’agit d’une émission-débat illustrée par de petits reportages. Le projet a mis à leur disposition du matériel technique d’enregistrement, de mixage, de montage et de traitement du son, et un expert les accompagne dans la production des premiers numéros de leur émission, en leur faisant travailler à la fois les aspects techniques liés à la production de cette émission et la qualité de la langue utilisée.

Le second axe se tourne davantage vers l’avenir, puisqu’il vise à mettre à profit la formation de formateurs des médias pour mettre en place, en association avec l’Université des Comores, et avec l’appui du Laboratoire Infocom de l’Université de La Réunion, un parcours de troisième année de Licence professionnelle pour former des étudiants aux métiers du journalisme, de la communication et de l’audiovisuel. L’objectif est de faire en sorte que l’offre de formation professionnelle mise en place à l’initiative de l’Office de Radio et de Télévision des Comores (ORTC) puisse être validée par un diplôme universitaire.


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